Lovely Ugly

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Chapitre 19 : La valse d'Amélie

Hey !!! Et voilà un nouveau chapitre de Lovely Ugly !!! ^^ J'espère qu'il vous plaira ;)

Bonne lecture !!! :D

 

Chapitre 19 : La valse d'Amélie

 

 

Elexa

 

  • Tu sais qu'il n'est plus question que tu m'adresses la parole ?

Mei pouffa et éteignit l'engin. Je ne me servais plus d'un sèche-cheveux. Après tout, ces derniers séchaient tout aussi bien à l'air libre. J'eus un mouvement de recul quand mon "amie" s'empara d'un autre appareil de torture. J'étais persuadée que les barbares du Moyen-Age utilisaient ces instruments contre les traîtres.

  • Je sais. Je sais aussi que tu vas passer une super soirée et qu'elle va te faire le plus grand bien.

Elle me sourit dans le miroir tandis que je lui tirais la langue. Je n'avais absolument aucune envie de sortir faire la fête.

  • Tes cheveux sont magnifiques, soupira-t-elle. C'est tellement dommage que tu n'en prennes pas plus soin.

Lorsqu'elle se munit de l'appareil -un lisseur l'avait-on appelé- je sautai de la chaise sur laquelle Mei m'avait installée de force.

  • Je peux te poser une question ? S'enquit-elle très sérieusement.

  • Ça dépend.

  • Pourquoi es-tu comme ça ? Pourquoi rejettes-tu tout le monde ? Pourquoi ne souhaites-tu pas qu'on te remarque ?

  • Ça fait plus d'une question, remarquai-je.

  • Elexa, me disputa-t-elle. Je veux juste comprendre pourquoi tu es comme ça.

Je la regardais dans les yeux. Elle paraissait si franche, si ouverte.

  • Sommes-nous amies ?

  • Bien sûr ! Qu'est-ce que tu crois ?

Elle semblait réellement surprise. Je retenais comme je le pouvais ce que j'avais sur le cœur. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'avais envie de parler. Pourquoi elle ? Je n'en savais rien. Le fait est qu'elle était la seule qui m'avait inspiré ce besoin.

  • Mon ex m'a poussé à le faire. Je n'avais pas envie mais tous nos amis l'avaient fait. J'étais amoureuse. Quelques jours plus tard, je le surprenais avec une autre fille.

Mei me fixait les yeux écarquillés et la main devant la bouche. Je déglutis. Je n'osais pas la regarder. Je n'avais pas tout révéler. À vrai dire, la partie la plus dure, celle que presque personne ne connaissait, n'était pas sortie. Autant commencer par le plus simple.

  • Ça va, la rassurai-je. Ça fait un petit bout de temps maintenant. C'est juste que je me dis... Je me dis que ça ne sert à rien d'essayer de plaire.

Quand je relevai enfin la tête, je vis des larmes briller au fond des yeux de Mei. Elle accourut vers moi et me prit dans ses bras. Je me laissai aller dans cette étreinte réconfortante, heureuse d'avoir livré ce que j'avais sur le cœur. Je n'aurais jamais pensé que cela puisse être aussi libérateur.

  • On va te faire oublier ce sale type, murmura-t-elle. Je jure sur ma vie que si je croise sa route, je l'étouffe avec les gâteaux de ma mère.

Elle me relâcha mais laissa ses mains sur mes épaules.

  • Je te promets de faire de toi la plus belle de toutes.

 

 

 

***

 

 

Quand Mei m'autorisa enfin à me regarder dans la glace, j'eus un instant d'appréhension. Qu'allais-je pouvoir y découvrir de plus qu'une pauvre fille plus pâle que son ombre ? Mon amie se positionna devant le miroir, s'apprêtant à tirer le grand drap qui le dissimulait -oui, elle avait fait cela dans les règles de l'art. J'inspirai un bon coup et me traitai une nouvelle fois d'idiote de l'avoir laissé m'approcher avec toutes ces différentes poudres.

  • Prête ?

  • Non.

Elle fit tout de même tomber le voile. La première chose que je vis fut mes jambes. Je ne mettais jamais de short. Jamais. Mei avait été d'un tout autre avis.

  • Tu plaisantes ou quoi ? S'était-elle écrié tandis qu'elle fouillait le ''placard interdit''.

Ce dernier était le lieu où atterrissaient chaque vêtements achetés par Lina, souvent outrageusement courts, ou bien outrageusement décolletés, ou encore outrageusement moulants. Malheureusement pour moi, Mei avait adoré chaque pièce qu'il dissimulait.

  • Tu as des jambes à la Adrianna Karembeu, tu ne peux pas te permettre de les cacher !

Après Pamela Anderson, j'avais droit à Adrianna Karembeu. Quoique ça aurait pu être pire.

Je restai donc bloquée sur ces membres, tirant le plus possible sur ce morceau de tissu qui camouflait à peine mon derrière. Mais ce n'était pas le pire. Un top noir, si on pouvait appeler ça un top, recouvrait en tout et pour tout une partie de ma poitrine. Le haut de celle-ci étant exposée aux yeux de tous. Mei avait justifié ''un ventre plat qui ferait rêver certaines filles'' avant de m'enfiler cette ridicule petite chose. Les bretelles, qui étaient en fait des chaînes argent, étaient froides contre ma peau et me faisaient frissonner.

J'arrivai enfin sur mon visage. Je n'étais pas sûre de vouloir le voir mais une adorable petite créature sautillante à côté de moi m'en persuada.

Mes cheveux formaient une cascade de boucles blondes, encadrant mon visage. Une simple touche de gloss habillait mes lèvres tandis qu'un petit coup de pinceau m'avait donné bonne mine grâce au blush.

  • Tu as des yeux incroyables, souffla Mei.

C'était là qu'elle avait passé le plus de temps. Jonglant entre une dizaine de fards différents, elle avait réussi à faire ressortir les reflets violets de mes yeux. Du mascara avait fini le travail.

Je n'étais plus moi-même.

  • Attends, j'ai trouvé la perle rare pour sublimer tout ça.

Devant moi, Mei tendait fièrement une paire d'escarpins noirs vertigineux.

  • Même pas en rêve.

  • Elexa ! Me supplia-t-elle.

  • Tu veux que je me tue ?

Perchée aussi haut, j'étais certaine de me briser une cheville rien qu'en sortant de ma chambre.

  • Allez, je serais toujours à côté de toi ! Tu t'accrocheras à moi !

  • No...

La sonnerie du portable de Mei me coupa. Elle fit un grand sourire en découvrant l'identité de son interlocuteur.

  • Hey ! Nous sommes presque prêtes ! Oui, oui, on arrive. Il ne faut pas oublier qu'on est des filles, nous mettons du temps à se faire belle.

Elle me fit un clin d'œil pour accompagner ces paroles.

  • On part, c'est bon ! Vroom vroom, tu n'entends pas ? C'est la voiture ! Tut-tut, on double ! Je te laisse, on risque d'avoir un accident. À tout de suite !

Elle raccrocha, prit son sac et se dirigea vers la sortie.

  • Hé, Mei !

  • On est en retard ! Mets ces chaussures, je tuerais pour avoir les mêmes ! Vite, on va se faire disputer !

Je râlai et enfilai les échasses. Bon sang, je m'étais faite avoir comme une bleue. Je n'avais plus qu'à maudire ma prétendue amie jusqu'à la fin de mes jours.

 

 

***

 

 

Nous tentions de nous garer sur le parking bondé depuis bien cinq minutes quand j'eus soudain l'idée de regarder dans quoi je m'étais fourrée. Mon estomac fit un demi-tour quand je reconnus l'enseigne lumineuse.

  • C'est une blague ? Mei dit moi que ce n'est pas ici que vous avez prévu de faire la fête ? Je t'en supplie, Mei.

  • Et bien si, pourquoi ?

Je me pris la tête dans les mains et marmonnai dans ma barbe. Le Blue Lagoon. Ils m'avaient fait venir au Blue Lagoon. Le club branché du moment, celui où toutes les personnes ''populaires'' du lycée se rendaient. Celui où nous nous rendions, avant. Avec eux. Avec lui.

Fait exprès, Mei trouva une place juste à ce moment-là. Elle sauta de l'auto, visiblement pressée de danser. Je restai cachée, espérant pendant une microseconde qu'elle puisse m'avoir oubliée. Rêve, ma grande.

  • Mais qu'est-ce que tu fais ? Allez, on y va !

Penchée dans ma direction, elle me souriait de toutes ses dents. Sa petite robe à fleur était magnifique et nettement moins découvrante que ma tenue. Elle avait lissé son petit carré court, s'était maquillée légèrement et avait chaussé des talons compensés adorables. J'avais l'air d'un camion volé à côté d'elle.

  • Ce n'est pas une bonne idée...

Elle souffla et rentra à nouveau dans la voiture, faisant claquer la portière. Elle se tourna alors vers moi et posa sa main sur la mienne.

  • Elexa, fit-elle très sérieuse, tu es resplendissante. Je te jure. Si je n'étais pas aussi attirée par les hommes, je te sauterais dessus. Tu es vraiment magnifique. Tu n'as rien à craindre du regard des autres.

  • Ce n'est pas...

  • Tu sais quoi ? On va faire un truc. Ce soir, on est plus nous-même. On fait ce qu'on veut, quand on veut... Avec qui on veut, ajouta-t-elle avec un clin d'œil. Bref, on s'amuse !

  • Mei, je ne suis pas...

  • Juste cette nuit ! Après tout redevient comme avant, je te promets. Une nuit. S'il te plaît...

Elle avait dégainé le regard de cocker. J'étais fichue.

  • Je... Ok, soufflai-je.

  • On se défoule !

  • Oui.

  • On s'éclate !

  • Oui.

  • On trouve un mec !

  • Euh...

  • Et si possible on le ramène à la maison ! Youhou, cette soirée va tout déchirer !

Sur ce, elle sortit encore plus enjouée que la première fois. Je m'attardai cinq secondes de plus et pris une grande inspiration.

Courage, Elexa.

Il était temps de rendre une petite visite à l'ancienne moi.

 

La tête haute, je sortis une jambe, puis l'autre de l'habitacle. Lorsque j'émergeai complètement, je remarquai monsieur muscle -aussi nommé Jude, il me semblait- marchant de long en large devant l'entrée. C'était étrange de voir un si grand gaillard stressé. Kay, lui, se marrait, pour changer. Pourtant, lorsqu'il me vit à son tour, il s'arrêta net. Mon dieu, mais qu'avait fait Mei ?

  • Mei, tu es une fée, fit Kay, bouche-bé.

  • Bonne ou mauvaise, je cherche encore, râlai-je.

Cette dernière balaya la remarque d'une main. Ses joues avaient pris une teinte légèrement rose sous le compliment.

  • Tout le monde est là ? On y va ?

  • Oui, tout est bon ! Elexa ?

Kay me tendit son bras. Je levai les yeux au ciel et m'y accrochai.

  • Mei... soufflai-je.

Je craignais un peu de rester seule. J'espérais sincèrement qu'elle ne me laisserait pas dans un coin de la salle.

  • Laisse-les tranquilles, me chuchota Kay à l'oreille, ils vont nous rejoindre après.

Je fus donc entraînée dans cette boîte bondée, où j'avais prévu de ne jamais plus remettre les pieds. Je n'avais aucune volonté.

Dès l'entrée, une serveuse nous présenta une série de petits verres. Avisant le liquide transparent, j'en pris un.

Pourvu qu'il fasse passer le nœud dans mon estomac.

Je le bus cul sec. Je sentis le breuvage couler dans ma gorge, enflammant tout sur son passage. Je lâchai Kay pour m'appuyer contre une table, le temps que le feu se calme. J'avalai ma salive plusieurs fois avant que la brûlure s'atténue.

  • Tu n'aurais pas dû commencer par la tequila.

Je jetai un regard assassin à Kay.

  • Et tu n'aurais pas pu me le dire avant ?

Il haussa les épaules d'un air innocent, un petit sourire au coin de la bouche.

  • Suis-moi.

Je m'exécutai. Les stroboscopes m'aveuglaient, tel un flash d'appareil photo. Une foule de gens attendait au bar. Parmi elle, Kay qui passait déjà commande.

Je me faufilai à côté de lui, histoire de vérifier qu'il ne mettait pas une poudre blanche dans mon verre. Le barman envoya la boisson à Kay et me fit un clin d'œil en m'apercevant.

  • Qu'est-ce que c'est ? Demandai-je en désignant le cocktail.

  • Mojito. Goûte, c'est délicieux.

Je trempai mes lèvres dans le verre et avalai le liquide. Un arôme de menthe et de citron vert m'envahit la bouche. Je ne sentais presque pas l'alcool.

  • C'est du rhum, ajouta Kay, répondant à ma question muette. Fais attention, c'est traître.

Je m'apprêtais à lui demander pourquoi quand une horde de filles se jetèrent sur lui. Toutes s'accrochaient à sa chemise ou son bras et réclamaient une danse. N'avaient-elles aucune fierté ?

  • Elexa, tu veux danser ?

Je faillis avaler de travers. Kay me regardait, on ne peut plus sérieux, ignorant complètement les demoiselles en chaleur qui réclamaient son attention.

  • Si tu me demandes ça, c'est que tu me connais très mal.

Il rit et marmonna un ''J'aurais dû m'en douter'' avant de s'éloigner avec une de ses groupies. Les autres s'éparpillèrent, certaines vociférant et visiblement jalouses, d'autres sautant sur le premier mâle venu.

  • Ton copain t'a abandonné ?

Je pivotai et rencontrai le regard posé sur moi du barman. Grand, blond, on aurait dit une version de Kellan Lutz un peu moins musclé.

  • Ce n'est pas mon copain. Par contre je recommanderai bien un truc comme ça, fis-je en montrant mon verre.

  • Pas de soucis.

Je montai sur le tabouret et m'accoudai au plan de travail. Il pressa des citrons, pilla des feuilles de menthe et ajouta de la glace. Il finit en versant une bonne dose de rhume sur le mélange. Il me tendit le verre, un grand sourire aux lèvres.

  • C'est bien la première fois que je te vois ici, à mon grand dam.

Je finis d'avaler ce qu'il me restait dans la bouche avant d'éclater de rire. Il prit un air faussement offusqué.

  • Quoi ? Je n'ai pas le droit de draguer un peu ?

  • Ce n'est pas très subtil, on va dire, ris-je.

  • Certes, mais avec la subtilité, on avance jamais. Moi c'est Dan.

Il me tendit sa main par-dessus le comptoir et je la serrai en me présentant.

  • Tu habites sur Paris ?

  • Oui. Je venais souvent il y a quelques années.

  • Et pourquoi as-tu arrêté ?

  • Pour ça, il faudrait plusieurs verres avant que je réponde.

  • Celui-ci est pour moi, s'exclama-t-il en se tournant pour me préparer un autre cocktail.

  • Je ne crois pas que ce soit ce qu'il y a de plus raisonnable...

Il se retourna, abandonnant son checkeur et approcha son visage du mien.

  • A-t-on vraiment besoin de raison ?

Je plongeai mes yeux dans ses iris marrons chocolat et chuchotai :

  • Peut-être que non.

Il se redressa d'un seul coup.

  • Alors on est fait pour s'entendre.



16/07/2014
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