Lovely Ugly

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Chapitre 21 : Good girl gone bad

Pas de grand discours ce soir, seulement bonne lecture !! ^^

 

Chapitre 21 : Good girl gone bad

 

 

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Je suis touchée. Cette foutue flèche empoisonnée m'a atteinte. Elle a percé la carapace, laissant le champs libre pour toutes les maladies de la vie. La brèche n'est pas encore irréparable, je peux encore la reconstruire, la fortifier même. Mais je n'en ai pas la force. Je n'en ai pas l'envie.

Quel est ce poison ? Je perds toutes mes facultés, je ne peux plus me protéger. Je suis à la merci de celui qui me trouvera. Mon cœur est à découvert. Une nouvelle fois. Il risque fortement d'être piétiné. Une nouvelle fois. Mais je ne peux plus le cacher.

Qui est celui qui a tiré la flèche ? Pour cette question là, nul besoin de chercher bien loin.

Le monstre aux yeux verts.

 

Elexa

 

Mon cœur battait à en faire exploser ma cage thoracique. Qu'est-ce qui venait de se passer, là ? Était-ce encore une mauvaise blague de Kay ? Je ne pus m'empêcher d'effleurer le carré de peau brûlant où il m'avait embrassée. Il voulait pousser le jeu un peu plus loin, c'est tout. Peut-être un peu trop loin.

Je repoussai mes draps et décidai de me lever. Le pic-vert qui avait élu domicile dans mon crâne n'avait pas l'air de vouloir s'en aller. Je me massai délicatement les tempes du bout des doigts.

Plus jamais je ne buvrais.

Je considérai les espèces d'échasses que Mei m'avait fait porter hier soir. Et dire que j'avais accepté de monter là-dessus. Je me demandai si Linaëlle n'avait pas trouvé ces chaussures dans un magasin de torture moderne.

Lorsque mes yeux se posèrent sur le réveil, je pris conscience qu'il fallait que je me bouge. Vraiment.

Je fonçai dans la salle d'eau et sautai sous la douche. Une bonne douche était toujours revigorante. Elle n'atténua nullement mon mal de tête malheureusement. Quelques jours plus tôt, je m'étais retrouvée sous cette même douche, le torse nu de Kay plaqué contre moi.

Ça suffit !

Je tournai le thermostat et laissai une eau gelée glissée sur mon corps. C'était bon pour la peau et la circulation du sang, d'après Lina. Cela avait intérêt d'être vrai car je ne supporterais pas d'endurer cette torture pour rien. J'attrapai une serviette blanche immaculée et m'enroulai dedans. En relevant les yeux, je me trouvai face à l'immense miroir qui s'étalait sur tout un pan de mur. Habituellement, j'évitais le plus possible de m'y regarder. Pourtant ce jour-là, sans m'en rendre compte, je m'étais approché de mon reflet et avais contemplé mes lèvres anormalement rouges. Involontairement, je les avais mordu très fort pour me retenir de déguerpir de sous cette douche glacée. Elles avaient donc pris une teinte plus foncée et avaient légèrement gonflée. Je passai distraitement un doigt sur ces dernières. Pourquoi avais-je l'impression d'avoir embrassé quelqu'un ? J'avais déjà expérimenté la chose avec lui, bien sûr. J'étais même aller plus loin, beaucoup plus loin. Beaucoup trop loin. Mais l'effet d'une bouche chaude et douce posée sur la mienne se rappelait à moi. L'effet de l'adrénaline qui courrait dans mon corps. Et cela devait daté d'il y a deux ans. Pourquoi cela me turlupinait aujourd'hui ?

Je tirai le tiroir du meuble à ma gauche, bien décidée à passer outre cette sensation, et tâtonnait pour y trouver un peigne. Mes doigts se refermèrent sur un objet au corps cylindrique. Je le sortis pour voir de quoi il s'agissait. Sous mes yeux ébahies, je découvris ce vieux mascara que j'utilisais sans cesse avant. Il était mon meilleur ami, celui qui me faisait des cils immenses, quand je prenais plaisir à me maquiller et à prendre soin de moi. Il fallait que je tombe sur lui maintenant, en pleine période de doute. Je le jetais rageusement dans le tiroir resté ouvert et sortis en trombe de la salle de bain. J'allais m'attacher les cheveux en queue de cheval et mettre un vieux jean. Exactement comme d'habitude.

Quand je descendis au rez-de-chaussée, je remarquai la table mise et le petit déjeuner servi. Kay avait même pris le temps de faire cuire des œufs et rôtir du bacon.

  • Pile au bon moment !

Je le considérai, habillé d'un jean et d'un tee-shirt noir qui le moulait à la perfection, ces traits pas encore tout à fait réveillé et ses cheveux en pagaille. Il était bien trop sexy.

  • Je suis désolée, je n'ai pas le temps de prendre un petit déj'.

Et encore moins si c'est avec toi.

Sans prendre le temps de réfléchir plus longtemps, je piquai une viennoiserie, avalai un ibuprofène et me dirigeai vers la sortie. Ma dose de caféine allait sûrement me manquer mais je ne pouvais pas prendre le risque de rester davantage dans cette maison.

  • Quoi ? Mais tu commences dans...

  • À ce soir ! Le coupai-je en faisant claquer la porte.

Il s'en remettrait. Alors que rien n'était moins sûre en ce qui me concernait.

 

 

***

 

 

Mei et moi nous étions retrouvées à l'entrée du lycée. Elle arborait une jupe évasée qui lui arrivait un peu au-dessus du genou et son éternel sourire. Elle était ravissante. Contrairement à moi.

  • Elexa, pourquoi tu ne m'as pas appelé ? S'exclama-t-elle en guise de bonjour.

  • Pourquoi voulais-tu que je t'appelle ?

  • Pour m'expliquer ce qui t'es passée par la tête hier soir ! Enfin, il était temps pour vous d'ouvrir les yeux... Qu'est-ce qui a été le déclic ?

Je la regardai sans comprendre. De quoi elle me parlait ? Kay aussi avait été étrange ce matin mais il n'avait rien lâché. J'espérais tirer plus d'informations sur cette soirée avec Mei.

  • Ah oui, bien sûr ! Et tu parle de moi et...

J'étais une actrice pitoyable. Espérons que Mei n'y voit que du feu.

  • Tu as oublié, souffla-t-elle, une moue déçue sur le visage.

  • Non, bien sûr que non !

Elle me dévisagea, l'air suspicieux. Je soupirai.

  • Oui, j'ai tout oublié.

  • Tu tiens pas vraiment l'alcool, hein !

C'était la deuxième fois aujourd'hui que l'on me faisait la remarque. Je savais que je ne tenais pas l'alcool, je l'avais déjà expérimenté.

Woody Woodpecker choisit ce moment-là pour refaire apparition. Oh oui, plus jamais je ne toucherais à une goutte d'alcool. Je détestais plus que tout la gueule de bois.

  • Est-ce que tu pourrais éclairer ma lanterne...

  • J'ai l'impression qu'elle est déjà assez occupée comme ça, ta lanterne, se moqua-t-elle.

Je lui lançai un regard noir, ce qui la fit rire encore plus.

  • Allez, viens. Monsieur Devatin arrive toujours à l'avance.

  • Mei ! La sermonnai-je.

Elle évitait le sujet.

  • Ce n'est pas à moi de te le dire, se justifia-t-elle en haussant les épaules.

  • Lâcheuse.

 

Nous avions notre premier cours en commun. Nous nous dirigeâmes vers la salle de littérature et, naturellement, elle prit place à côté de moi. Woody ne s'arrêta pas de frapper contre les parois de mon crâne durant toute la matinée. Quand la sonnerie indiquant la pause déjeuner, je me précipitai hors de la salle sous le regard ahuri du professeur qui ne m'avait jamais vue aussi réactive.

Comme chaque jour, j'évitai comme la peste la cafétéria ainsi que le self ou chacun n'aurait pas tardé à me questionner ou pire, chuchoter sur mon passage. Cette habitude de lycéens de toujours colporter avait réduit à néant ma tentative de passer incognito quand c'était arrivé. Chacun en allait de sa remarque et des choses incroyables étaient parvenues jusqu'à mes oreilles. J'avais donc décidé de ne plus manger au milieu des autres. J'avais déjeuné chaque midi à un endroit différent, de la bibliothèque en passant par un vieux couloir où personne n'allait jamais, avant de trouver le petit coin de verdure derrière le bâtiment. Je n'avais jamais vu personne ici. Pourtant, Mei m'y trouva.

  • C'est donc là que tu te caches ! Tu sais que j'ai fait tout le tour du lycée ! Je n'en peux plus, j'ai fait au moins cinq kilomètres de marche. Tu crois que ça fait maigrir de marcher ? J'aimerais bien, ça ne me ferait pas de mal de perdre un ou deux kilos ! Il paraît que ça muscle les fessiers. Si ça fonctionne vraiment, je m'inscris au triathlon dès demain. Ah, on est bien mieux assise, quand même !

Je ne m'habituerais jamais à ça, pensai-je un sourire aux lèvres.

  • Tu ne manges pas au self d'habitude ?

  • Si, mais j'ai vu que tu n'y étais pas. Pourquoi tu n'y manges pas, toi ? Attends, laisse-moi deviner : c'est à cause de la nourriture, c'est ça ? C'est ça ? C'est véritablement infecte. Je me demande comment le cuisinier, si on peux appeler cette personne qui ouvre des boîtes toutes prêtes un cuisinier, fait pour nous servir des plats aussi immondes. Enfin, même mon père cuisine mieux, c'est dire !

Je la laissai  déblatérer sur la qualité de la nourriture pendant encore plusieurs minutes. Bizarrement, j'étais vraiment heureuse qu'elle m'ait rejointe. Cette fille me surprenait par sa spontanéité. Elle apportait sa bonne humeur et illuminait l'espace autour d'elle comme un rayon de soleil. Plus je la voyais, plus elle me faisait penser à Lina. Pas physiquement, mais dans sa manière de voir la vie. C'était rafraîchissant.

  • Sinon, tu fais quoi ce soir ?

 

 

***

 

Apparemment, Mei avait besoin de quelqu'un pour l'aider à travailler la trigonométrie. Je me doutais bien qu'il s'agissait seulement d'un prétexte pour venir à la maison mais j'avais tout de même accepté. Mei devait passer chez elle pour récupérer des affaires, nous nous séparâmes donc après les cours. Quelques gouttes commencèrent à tomber, il était donc hors de question de rentrer à pieds. Kay ne m'attendait pas à la sortie, je pris donc le métro.

Je me demandais s'il était vexé... Je secouai la tête. On parlait de Kay, là ! L'imbécile arrogant qui squattait chez moi. Monsieur à l'ego surdimensionné n'allait pas bouder dans son coin pour si peu. Pourtant c'était bien la première fois qu'il ne venait pas à la sortie.

  • Elexa ?

Ma respiration se bloqua. Cette voix masculine avait coupé court à toutes mes pensées du moment. Mon dieu, faîtes que j'ai rêvé, comme tant de fois auparavant. J'espérais de toutes mes forces avoir imaginé cet horrible son qui m'avait hanté et qui me hantait encore.

Malheureusement, ce n'était pas le cas. L'individu m'interpella une seconde fois et accompagna ses paroles d'une main sur mon épaule.

  • C'est marrant de se revoir dans le métro, comme à notre rencontre ! Alors, qu'est-ce que tu deviens ? Ça fait quoi, un an, voire plus qu'on ne s'est pas parlé !

Je serrai fort les paupières. Non, non, non. Je ne voulais pas le voir. Pas encore. Plus jamais.

  • Ça va pas ? Tu as la gueule de bois ?

Lentement, je rouvris les yeux et pivotai dans sa direction. Il arborait un immense sourire qui découvrait ses dents parfaitement blanches. Il était exactement comme dans mes souvenirs. Le grand et beau sportif adulé par tout le monde. Ses yeux bleus glacials me sondaient tandis que je tentais de retrouver l'usage de la parole.

  • Vlady...

  • Et bien, j'ai bien cru que tu avais fait une rupture d'anévrisme !

Nouveau sourire éclatant.

Pitié, ne m'infligez pas ça.

  • Alors, comment tu vas ? On ne te voit plus au lycée !

  • À quoi tu joues ?

Tout ceci n'était qu'une très mauvaise blague, n'est-ce pas ? Après tout, lorsque l'on avait rompu, il avait été le premier à m'ignorer. Le premier à me faire des crasses. Le premier à chuchoter sur mon passage. Et aujourd'hui, il espérait sans tirer avec un "ça va" ? Il m'avait pourri la vie pendant deux ans ! Deux années où j'avais souffert. C'était à cause de lui si j'avais voulu changer de lycée l'année dernière. Et il osait me dire qu'on ne me voyait plus !

  • Ne sois pas rancunière. C'est toi qui m'a largué.

  • Ne te rends pas plus stupide que tu ne l'es déjà, répliquai-je. C'est toi qui a couché avec une pouffiasse de passage.

  • Chéri, nous interrompit une blonde aux lèvres brillantes, tu ne veux toujours pas me dire où on va ?

  • Elexa, je te présente la pouffiasse dont tu me parlais, intervint Vlady. Iris, voici mon ex.

  • On se connaît déjà. J'ai eu l'honneur de la voir sortir des toilettes des hommes juste après toi, sifflai-je.

Je l'avais aussi aperçu plus d'une fois se pavaner à côté de lui. Il était assez difficile de la rater, à vrai dire. Elle faisait absolument tout pour qu'on la remarque. Son physique de mannequin n'avait fait que renforcer son attrait sur les hommes.

  • J'imagine que tu es la cocue.

Sa réplique me fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. J'aurais largement préféré qu'elle me gifle. Elle m'observait de haut en bas, calculant l'intérêt qu'elle pouvait me porter. Chaussée d'escarpins hors de prix et vertigineux, elle me dépassait bien d'une tête. Elle était plus grande que Vlady d'au moins cinq centimètres et ne devait pas être loin d'atteindre la taille de Kay. Je paraissais ridiculement petite et elle n'eut aucun mal à me le rappeler.

  • Je comprends mieux pourquoi il t'a trompé. Après tout, la bonté ne fait pas tout.

Je savais bien qu'elle cherchait seulement à blesser. Je me rendais aussi compte que ces réparties étaient complètement immatures. Mais quand vous vous trouvez devant votre ex et sa nouvelle copine tout droit sorti d'un magazine de mode et avec laquelle il vous a trompé, vous n'êtes pas vraiment en position de force. Je rassemblai ce qu'il me restait de ma dignité, mes lambeaux de fierté et me tournai vers la porte automatique. Je ne devais pas être si maudite que ça, puisqu'elles s'ouvrirent juste devant moi.

J'en suis arrivé au point où je me réjouis que le métro accepte ma volonté de fuir. Tu crains, Elexa.

  • Attends ! Je n'ai même pas évoqué notre première fois ! Si mes souvenirs sont bons, c'était le seize janvier d'il y a deux ans. Ça te dit quelque chose ?

  • Iris ! Se fâcha Vlady.

  • Quoi ? Fit-elle innocemment.

J'ignorai l’arrière-goût de bile qui envahissait ma gorge et me précipitai à l'extérieur. J'étouffai. Je courus jusqu'à sortir du sous-sol. La pluie tombait à présent à torrent et je finis trempée en quelques secondes.

Sous la pluie, les larmes se confondent à l'eau.

Je restai longtemps sans bouger, à attendre que quelque chose se passe. N'importe quoi. Mais rien ne vint. Un long frisson remonta le long de ma colonne vertébrale, me rappelant que je risquais d'attraper une pneumonie. Je me mis donc à marcher. Marcher pour avancer. Marcher pour rejoindre quelqu'un. Alors que les cieux se déchaînaient sur cette pauvre Terre et que je commençai à perdre tout espoir d'arriver un jour chez moi, je reconnus le petit parc. Je n'étais plus très loin finalement. Quand j'aperçus enfin la maison, je me ruais jusqu'à la porte que j'ouvrais dans un grand fracas. Je la claquai immédiatement et m'appuyai sur le battant. J'étais
frigorifiée et détrempée jusqu'à la moelle. Une petite flaque s'était formée à mes pieds quand Kay se manifesta.

  • Elexa ? Bon sang, mais qu'est-ce que t'a pris ? C'est le déluge dehors !

Je n'étais pas d'humeur à supporter des reproches. Je fermai les yeux et me laissai glisser le long de la porte. Le seize janvier... Le jour de mon anniversaire. J'allais tomber lourdement dans la nappe d'eau quand des bras m'entourèrent et me plaquèrent contre un torse bien chaud.

  • Je vais te tremper.

Il ne répondit pas et je me blottis davantage dans cette étreinte réconfortante. Je savais que je faisais une bêtise mais je ne voulais pas y réfléchir maintenant. J'en assumerais les conséquences plus tard. Mes bras se resserrèrent autour de son cou et je le serrai contre moi. Sa chaleur me faisait du bien. J'écrasai ma tête contre son torse, souhaitant disparaître au milieu de son ventre musclé.

  • Elexa, qu'est-ce qu'il y a ?

Je pris une profonde inspiration et plongeai mon regard dans le sien. Ses yeux me sondaient avec une expression inhabituel chez lui. Il paraissait inquiet.

  • Mauvaise rencontre.

  • Qui ?

Je secouai la tête et resserrai ma prise, me réfugiant dans l'étau de ses bras. Il marmonna dans sa barbe quelques instants avant de s'énerver.

  • Elexa, dis-moi immédiatement ce qu'il s'est passé.

Il ne m'avait pas lâchée des yeux et me tenait toujours fermement contre lui. Pendant une seconde, je fus surprise par son ton autoritaire. Je répliquai donc la seule chose qui ne me ferait pas perdre la face.

  • Si tu me dis ce qu'il s'est passé hier soir.

Ce fut son tour d'être surpris par la direction que prenait cette conversation.

  • Très bien.



01/08/2014
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