Lovely Ugly

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Chapitre 24 : Running out of time

Me voilà !!! Désolée pour l'attente, je pensais le poster plus tôt et, finalement, le temps m'a manqué ! ^^

Encore quelques infos (qui clarifieront un peu le côté brouillon de l'autre chapitre) et le retour d'un personnage : Lina !

J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture ♥

 

Chapitre 24 : Running out of time

 

 

Linaëlle

 

Mon séjour était des plus agréable. Le temps était radieux, j'étais certaine d'avoir pris quelques couleurs ! Et cela faisait bien plus naturel que les rayons UV, bien que ces derniers soient d'une efficacité incroyable. Briac était, comme toujours, au petit soin pour moi. Nous passions vraiment des vacances délicieuses.

Seulement, en m'apprêtant à me coucher ce soir-là, je me rendis compte que cela faisait déjà une semaine que nous étions partis. Que le temps passait vite ! Me débarrassant de mes draps, je décidai de passer un coup de fil à ma petite chérie. Après plusieurs minutes de recherche -et l'aide de Briac- je finis par mettre la main sur ce maudit téléphone.

Je composai le numéro en vitesse et attendis qu'Elexa réponde.

  • Bonjour ma belle, comment ça va ?

Aucun son ne se fit entendre à l'autre bout du fil, outre le souffle de sa respiration.

  • Elexa ? Elexa, tu me reçois ? C'est Linaëlle !

  • Je vais vous la passer.

Mon dieu. Mais... C'était la voix de Kay que j'avais reconnue ! Kay ! Qu'est-ce qu'il se passait dans cette maison ?

  • Lina.

  • Elexa ! Pourquoi Kay a-t-il répondu à ton téléphone ? Vous êtes ensemble ? Oh mon Dieu, ce n'est pas du tout...

Je me retins de justesse. Un peu plus et je dévoilais mon plan. Fais un peu attention !

  • J'ai trouvé la boîte.

  • La boîte ? Quelle boîte ? Ne me dis pas que tu as trouvé ma cachette secrète ? Elexa, je te promets que tous ces chocolats ne m'appartiennent pas !

  • La boîte de maman.

Ça eut le mérite de me couper le sifflet. Bien sûr, qu'elle avait fini par la trouver. Encore une autre de mes manigances. J'espérais seulement qu'elle n'y prêterait pas trop attention.

Briac me serinait depuis des années pour que je lui en parle. Dès son arrivée en fait. Mais je n'en avais jamais eu le courage. Je me bornais à dire que c'était pour elle, qu'elle n'encaisserait pas le choc mais je savais qu'au fond, c'était moi qui n'encaisserais pas. J'étais incapable de remuer ce passé-là. Je préférais le laisser dans sa boîte, à l'abri de mon regard, plutôt que de le partager avec ma nièce. Je l'avais caché dans la salle de danse, sachant pertinemment qu'Elexa la verrait un jour. Et maintenant quoi ? Elle avait souffert sans savoir à quoi s'attendre. S'il y avait bien quelque chose que je me reprocherais jusqu'à la fin de ma vie, ça serait bien la lâcheté dont j'avais fait preuve à ce moment-là.

  • On doit parler ma chérie.

 

***

 

Sept ans plus tôt

 

Briac tentait pour une énième fois de m'enseigner le nom des plantes qui fleurissaient dans mon propre jardin. Bien entendu, c'était mission impossible. Lorsque la sonnette de l'entrée sonna, je m'attendais à voir mon directeur de casting pointer le bout de son nez. Si bien que quand j'ouvris la porte, je ne reconnus pas immédiatement l'homme qui me faisait face. D'immenses cernes encadraient ses yeux vides et injectés de sang, ses cheveux étaient sales et je doutais qu'il ne se fût rasé depuis plusieurs semaines. J'étais persuadé que si je l'avais croisé dans la rue, je lui aurais donné une pièce.

  • Papa, c'est qui la dame ?

Ce ne fut qu'à ce moment-là que je remarquai une petite tête blonde, accrochée tel un chimpanzé à la jambe de son père. Lorsqu'elle releva la tête, mon cœur manqua un battement. Ces yeux. Je les reconnaitrais entre mille.

J'examinai à nouveau l'homme à l'allure complètement ravagée et je l'identifiai enfin. Un horrible pressentiment naquit dans mon esprit.

  • Micha ?

Il hocha la tête et se pencha vers l'enfant.

  • Regarde ma puce, c'est la sœur de maman. Dis bonjour à Linaëlle.

  • Bonjour...

Contrairement à son père, la petite n'était pas du tout négligée, comme si Micha avait consacré ses dernières forces à soigner l'apparence de sa fille.

  • Où est Céleste ?

Il ne me répondit pas et continua à couver sa fille d'un regard tendre et affreusement triste.

  • Micha, où est Céleste ? Répétai-je un peu plus fort, la panique perçant dans ma voix.

Briac avait dû sentir que quelque chose n'allait pas puisqu'il se métamorphosa derrière moi et me prit par les épaules. Son soutien me rassura un tout petit peu. Si je m'effondrais, il pouvait me rattraper.

  • Elexa, tu ne veux pas aller avec Briac ? Il va te montrer pleins de fleurs, d'accord ?

La petite acquiesça et se dirigea vers le jardinier. Ce dernier m'interrogea du regard avant de partir main dans la main avec la prénommée Elexa.

  • Entre, soufflai-je.

Il me suivit jusque dans le petit salon et s'assit où il avait eu l'habitude de se poser, Céleste sur ses genoux. Avant qu'elle ne décide de déménager avec lui dans le Sud. Nous qui étions tellement fusionnelles, son départ avait été une véritable déchirure. Au début, nous nous appelions tous les jours. Puis, le boulot, les activités diverses et toutes ces choses nous avaient éloignées, jusqu'à ce que je n'eus plus de nouvelles.

J'observai l'être brisé face à moi, qui ne ressemblait en aucun cas au bel homme qui aimait ma sœur à la folie. Il planta son regard dans le mien et je pus voir toute la peine et la tristesse se refléter dans ses yeux.

  • Tu savais que Céleste était malade ?

Je secouai négativement la tête, dans l'impossibilité d'émettre le moindre son. Ce n'était pas possible, je la connaissais par cœur. Elle ne m'aurait pas caché quelque chose comme ça. Et pourtant, tu ne savais pas qu'elle avait eu un enfant.

  • Quel âge a la petite ? Demandai-je, évitant le sujet délicat.

  • Dix ans. Elle s'appelle Elexa.

Je me carrai dans le grand fauteuil blanc cassé et attendis la suite. Il triturait ses mains, ne sachant visiblement pas comment me dire la vérité.

  • Lina, commença-t-il doucement. Elle ne te l'a jamais dit mais... Céleste était bipolaire.

Tout s'effondra autour de moi. Non, ce n'était qu'une blague, hein ? Céleste allait surgir d'un seul coup dans la pièce en hurlant ''poisson d'avril'' ? C'était ça, hein ? Quel jour étions-nous déjà ?

  • Ce n'est pas possible, soufflai-je entre mes dents.

  • Elle l'était depuis toute petite, elle l'a toujours été.

  • Non.

Je n'y croyais pas. Maman avait été bipolaire et lorsqu'elle avait été diagnostiquée, nous avions toutes les deux subi toutes sortes de tests. Elle n'avait pas pu être positive. Impossible. Le médecin avait été formel, les chances d'hérités de cette maladie étaient plus que minces. Il nous l'avait dit !

  • Elle prenait un traitement mais, parfois, la maladie était plus forte...

  • Non, ce n'est pas possible, Micha. Ce n'est pas possible.

Je m répétais ces mots sans cesse, tel un mantra. Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.

  • Céleste est morte il y a trois mois. Elle s'est ouvert les veines.

  • Non, chuchotai-je. Tu mens. Ma sœur, ma petite sœur n'est pas morte. Tu mens !

  • Je suis désolé, sanglota-t-il.

Je comprenais à présent pourquoi ces joues étaient tant creusées. Les larmes qui coulaient de ses yeux avaient tracé des sillons profonds. Des sillons de tristesse. De mon côté, j'étais incapable de verser la moindre larme. Tout mon corps semblait vide, je sentais mes membres lourds, tellement lourds. Et mon cœur, si je m'étais préocupée de moi à cet instant-là, j'aurai juré faire un infarctus. L'organe se compressait jusqu'à devenir un minuscule petite boule perdue dans mon corps. Il naviguait, laissant un trou béant dans ma poitrine.

  • Je dois partir. Dis à Elexa que je l'aime et que je veillerais toujours sur elle.

Je n'eus pas la force de lui demander où il allait et encore moins de le retenir. Il se leva et s'éloigna jusqu'à ce que je n'entende plus le bruit de ces pas. Je peinais à respirer et sentais mon cœur battre dans ma tête.

C'est finalement là que tu t'es caché...

Alors que je croyais mourir sur place, une petite silhouette frêle s'agenouilla devant moi. Je relevai juste assez la tête pour voir son visage. Elle était le portrait craché de sa mère. Les mêmes cheveux fins et dorés, le même petit nez et les mêmes yeux. Ses yeux que j'avais toujours enviés à Céleste. Ses yeux qui étaient à présent bordés de larmes.

  • Ne m'abandonne pas, s'il te plaît.

  • Personne ne t'abandonne, ma puce. Personne ne t'abandonne.

Je la pris contre moi et la serrai dans mes bras. Je la berçai contre moi comme je le faisais avec sa mère. Ses larmes se tarirent et son petit corps chaud se détendit contre moi. Bientôt, elle s'endormit et je la montai dans ma chambre.

Lorsque je redescendis au rez-de-chaussée, j'étais prête à supplier mon beau-frère pour qu'il me laisse la voir plus souvent.

Je n'eus jamais à la faire. J'attendis son retour pendant des heures, qui se transformèrent en jours, qui se transformèrent en semaines.

Et la petite eut raison. Il l'avait abandonné.

 

***

 

  • J'ai très longtemps détesté ton père parce qu'il m'avait enlevé Céleste. Mais je l'ai aussi adoré pour ce qu'il m'a apporté. Toi.

Elexa n'avait pipé mot tout le long de mon discours et demeurait encore silencieuse.

  • Je me souvenais de sa mort, de sa maladie, mais pas de cette journée, finit-elle par dire.

  • Je crois bien que ce jour-là, tu m'as empêché de rejoindre ta mère là-haut. Je t'aime ma chérie, autant que j'ai aimé ta mère.

  • Lina...

L'émotion se faisait entendre dans sa voix. J'avais été plus que lâche.

  • Je crois que je suis comme elle, souffla-t-elle.

  • Oui, tu lui ressembles énormément.

  • Je voulais dire... Je crois que je suis malade.

Je restai bouche-bé devant son aveu.

  • Non ! Bien sûr que non !

  • Lina, s'il te plaît...

  • Non ! Je te dis que ce n'est pas possible !

Pas possible, pas possible, pas possible. Je respirai fort. Tu es Linaëlle Dularo, ressaisis-toi.

  • Les risques sont quasi-nuls. Quelqu'un l'aurait forcément remarqué. Tu n'es pas malade.

Même à l'autre bout du monde, je sentis qu'elle n'était pas convaincue. Je respirai profondément, sentant le chagrin et la peine m'envahir. Je fis donc la seule chose qui sauvait les pots cassés depuis tant d'années : je faisais bonne figure.

  • Dis-moi, comment avancent les travaux ?

 

***

Le reste de la conversation fut très vite mené, jusqu'à ce que je demande des informations sur Kay.

  • Il se débrouille comme il peut...

  • Comment ça comme il peut ? S'exclama une voix en arrière-fond. Je maîtrise totalement tu veux dire !

  • Ferme un peu ta grande bouche, souffla Elexa d'un air autoritaire.

  • Oui, chef.

Ils continuèrent de se chamailler pendant quelques minutes avant de se rappeler ma présence.

  • Lina... Pourra-t-on... Reparler de toute cette histoire plus tard ?

  • Des travaux ? Tu sais, il n'y a pas grand chose à dire... Une envie subite, un...

  • Je parle de maman.

Je retins ma respiration cinq secondes et lâchai un rapide ''oui'' avant de saluer tout le monde et de raccrocher.

Je ne me sentais pas capable de mener une telle conversation avec ma nièce. Chaque fois que je la voyais, c'était comme un coup de poignard. Mon cœur palpitait et mes pensées fusaient dans tous les sens. Regarde ! Tu savais qu'elle n'était pas partie. Micha avait tort !

Et puis, mon cerveau s'adaptait et je la reconnaissais. Je me calmais tant bien que mal et me dissimulais derrière mon masque. Alors quand Elexa était entrée en dépression, je fis tout en mon pouvoir pour la sortir de cet enfer. Tout. Parce que la dernière chose qu'il aurait été bien impossible à supporter, c'était de la perdre elle aussi.


 

***

 

J'étais restée à côté du téléphone, incapable de bouger. Briac me trouva ainsi, les yeux dans le vague et l'air abattu. Personne ne m'avait jamais vu dans un état pareil à part lui. Il s'approcha et s'agenouilla face à moi. Il posa tendrement un doigt sous mon menton et le releva pour que je le regarde. Une larme solitaire s'échappa de mes yeux et roula le long de ma joue. Il la cueillit et me prit dans ses bras.

  • Pourquoi je ne t'ai pas écouté... J'aurais dû... J'aurais dû faire ce que tu m'as dit. J'aurais dû parler avec elle...

  • Ce n'est plus le moment de penser à ça.

Il se leva, me gardant toujours dans ses bras et m'emmena dans ma chambre. Il me posa délicatement sur le lit, me borda et m'embrassa sur le front.

  • Comment fais-tu pour toujours me comprendre ?

Le regard qu'il me lança était à la fois doux et triste. Il me prit la main et déposa un autre baiser dans le creux de ma paume.

  • On comprend toujours ceux que l'on aime.

Il se leva et partit de ma chambre, après m'avoir souhaité une bonne nuit.

Je tournai et retournai ses paroles dans ma tête, jusqu'à être persuadé qu'il n'y avait pas de sens caché. J'étais trop épuisée pour réfléchir à ça.



22/08/2014
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